Claude Tousignant (1932) - Accélérateur chromatique 66-68, 1968

Accélérateur chromatique 66-68, 1968


made in 1968
Lot offered for sale by BYDealers, Montréal at the auction event "BYDealers - Important Canadian Art" held on Mon, Nov 18, 2024.
Lot 33
Estimate: CAD $450,000 - $650,000
Realised: CAD $660,000

Lot description - from the online catalogue*


Techniques/Medium

Acrylique sur toile / Acrylic on canvas

Dimensions

168 cm (diamètre) / 66 in (diameter)

Signatures

Signée, datée et titrée au dos / Signed, dated and titled on verso

Provenance

Collection de l'artiste / Artist's collection, Montréal

Galerie d'art Vincent, Ottawa

Bibliographie/Literature CAMPBELL, James D. After Geometry: The Abstract Art of Claude Tousignant, Toronto, ECW Press, 1995.

CAMPBELL, James D. Claude Tousignant : Espaces-tensions, 1955-1998 / Claude Tousignant: Charged Spaces, 1955–1998, Montréal, Galerie de Bellefeuille, 1999.

GAGNON, Paulette, Mark LANCTÔT et Marc MAYER. Claude Tousignant, Montréal, Musée d’art contemporain de Montréal, 2009. Œuvre reproduite en couleurs à la page 102 (fig. n o  47). / Work reproduced in colour on page 102 (fig. no. 47).

MARTIN, Michel, et Roald NASGAARD. Les Plasticiens et les années 1950/60, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2013.

NASGAARD, Roald. Abstract Painting in Canada, Vancouver, Douglas & McIntyre, et Halifax, Art Gallery of Nova Scotia, 2007.

REID, Dennis. A Concise History of Canadian Painting, Toronto, Oxford University Press, 1988.

Expositions/Exhibitions Claude Tousignant : Choix libre, Maison de la culture Marie-Uguay, Montréal, du 18 juin au 12 août 2022

Claude Tousignant, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, du 5 février au 26 avril 2009

Avec la série des Accélérateurs chromatiques, réalisée de 1967 à 1969, Claude Tousignant s’élance à la conquête de l’aire picturale en élaborant des pièces circulaires d’une puissance inégalée. Une des œuvres les plus stupéfiantes de ce corpus est sans conteste Varèse : Accélérateur chromatique 66-68, dont le diamètre monumental glorifie l’abstraction géométrique et dans lequel l’artiste réinvente le langage des couleurs. Sur la toile, 33 anneaux concentriques sont répartis en 7 couleurs distinctes, dont la séquence tonale obéit à une méthode rigoureuse et à des calculs précis. Les couleurs éclatantes de marque Day-Glo dirigent le regard depuis le cœur battant jusqu’à la périphérie du tondo, où un violet de quinacridone escorte l’œil, comme les vagues concentriques autour d'un caillou lancé dans l'eau. La combinaison tonique des coloris provoque un effet de distanciation et de rapprochement – une troisième dimension entre le spectateur et l’œuvre. Confronté à l’expérience vertigineuse des couleurs pures, le « corps dans l’espace devient l’axe fixe de tous les mouvements circulaires », écrit l’autrice Paulette Gagnon.

Anneau par anneau, du plus éloigné au plus rapproché, l’œil s’adonne à l’équivalent visuel des arpèges en musique, où toutes les notes sont jouées successivement et rapidement. Ce principe est exploré par des compositeurs tels qu’Arnold Schönberg, précurseur de la musique atonale et expérimentale que perpétuera son élève, Anton Webern, et que radicalisera ensuite Edgard Varèse. Dans une interview, ce dernier avait évoqué la perpétuation du son du gong dans une de ses compositions musicales. De fait, les tableaux circulaires Gong 64 et Gong stochastique voient le jour en 1966, soit un an après la disparition de Varèse, dont Tousignant est un fervent admirateur. Le nom du compositeur dans le titre de la présente œuvre exprime une forme d’hommage senti, un adieu rempli d’échos et de rémanences.

À cette époque, Tousignant s’intéresse à une conception de la peinture fondée sur un retour à la matière première, c’est-à-dire à une peinture vidée de toute référence jugée superflue, un pur objet de perception et de sensation. C’est ainsi qu’il trouve en Piet Mondrian, en Varèse et en Barnett Newman des modèles par excellence. Tousignant explore les possibilités infinies d’une peinture qui est « immédiatement compréhensible », objet autonome doté d’une organisation spatiale et d’une interaction dynamique internes totalement dépourvues de représentation de la nature. « Chez Newman, j’ai trouvé un espace d’une beauté spectaculaire, relate-t-il. C’est exactement ce que j’essayais de faire en 1956 : dire le plus possible avec le moins d’éléments possible. »

La vision plastique de Tousignant évolue rapidement autour d’une constance géométrique allant du rectangle le plus austère à la forme circulaire la plus vibratoire. Cette recherche d’équilibre aboutit à une exploration structurelle du cercle, véritable signature visuelle de l’artiste au milieu des années 1960. Avec les Accélérateurs chromatiques, le peintre fait la démonstration de l’inexorable pouvoir de cette figure, comme un pôle magnétique où toute l’activité rétinienne converge. Les délicats anneaux aux couleurs étudiées se répercutent dans un chœur tantôt centripète, tantôt centrifuge, qui ondule telles des « vagues d’énergies chromatiques ». Le peintre parvient ainsi à transcender l’espace pictural et à obtenir un terrain de jeu optique qui nourrit, plutôt qu’il ne résout, l’énigme de la couleur pure. Car ici seulement, l’œil assiste en temps réel au mélange des lumières.

En 1965, Tousignant participe à l’exposition The Responsive Eye au Museum of Modern Art de New York et représente le Canada à la 8 e  Biennale de São Paulo. En 1973, le Musée des beaux-arts du Canada lui consacre une rétrospective qui fait ensuite le tour du pays. En 1982, le Musée des beaux-arts de Montréal présente l’exposition Claude Tousignant : Sculptures, puis, en 1994, le Musée du Québec (aujourd’hui le Musée national des beaux-arts du Québec) présente l’exposition Claude Tousignant : monochromes, 1978-1993. Claude Tousignant est lauréat du prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton et du prix Paul-Émile-Borduas. En 2010, il reçoit le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques.

Annie Lafleur



In his Accélérateurs chromatiques, produced between 1967 and 1969, Claude Tousignant set out to conquer the pictorial field by devising a series of circular paintings of incomparable impact. One of the most astounding pieces from this body of work is undoubtedly Varèse: Accélérateur chromatique 66-68, whose monumental diameter glorifies geometric abstraction, and in which Tousignant reinvents the language of colour. On its surface, thirty-three concentric rings are divided into seven distinct colours whose tonal sequence follows a rigorous method and precise calculations. The dazzling Day-Glo hues direct the gaze from the tondo’s beating heart to its periphery—where a quinacridone violet guides the eye—like concentric waves around a pebble tossed into a pond. The stimulating colour combinations create a push-pull effect—a third dimension between the viewer and the work. Confronted with the dizzying experience of pure colour, the "body in space becomes the fixed axis of every circular movement," writes author Paulette Gagnon.

Ring by ring, from the outermost to the innermost, the eye indulges in the visual equivalent of a musical arpeggio in which the notes are played in quick succession. This principle was explored by composers such as Arnold Schönberg, the precursor of atonal and experimental music, and his student, Anton Webern, and was later radicalized by Edgard Varèse. In an interview, Varèse spoke about the perpetual gong sound in one of his compositions. Interestingly, Tousignant’s circular paintings Gong 64 and Gong stochastique were produced in 1966, a year after Varèse’s death. Tousignant was a great admirer of Varèse, as evidenced in the title of this piece, which acts as a kind of homage, an adieu replete with echoes and residual magnetism.

At the time, Tousignant was exploring a concept of painting based on a return to primary matter—in other words, painting that is emptied of any superfluous references, a pure object of perception and sensation. He found the ultimate exemplars of this in Piet Mondrian, Varèse, and Barnett Newman. Tousignant explored the infinite possibilities of a form of painting that is "immediately understood," an autonomous object, possessed of a spatial organization and dynamic internal interaction, that is totally devoid of all natural representation. "With Newman, I found a space of spectacular beauty," he stated. "It’s exactly what I was trying to do in 1965: to say as much as possible with as few elements as possible."

Tousignant’s formal vision quickly evolved around a constant geometry that ranged from the most austere rectangle to the most vibrant circular form. This search for equilibrium culminated in a structural exploration of the circle, which became his visual signature in the mid-1960s. In Accélérateurs chromatiques, he demonstrated the inexorable power of this figure, as if it were a magnetic pole in which all retinal activity converged. The delicate rings of carefully considered colour reverberate in a sometimes centripetal, sometimes centrifugal chorus that undulates like "waves of chromatic energy." Here, Tousignant manages to transcend pictorial space, achieving a kind of optical playground that feeds, rather than resolves, the enigma of pure colour. Within this space, the eye witnesses the blending of light in real time.

In 1965, Tousignant took part in the exhibition The Responsive Eye at the Museum of Modern Art, in New York, and represented Canada at the 8th Bienal de São Paulo. In 1973, the National Gallery of Canada presented a retrospective of his work that also toured across the country. In 1982, the Montreal Museum of Fine Arts presented Claude Tousignant: Sculptures, and in 1994, the Musée du Québec (now the Musée national des beaux-arts du Québec) presented Claude Tousignant: monochromes, 1978–1993. Tousignant is the recipient of the Victor-Martyn-Lynch-Staunton Award and the Prix Paul-Émile-Borduas. In 2010, he received the Governor General’s Award in Visual and Media Arts.
Most realised prices include the Buyer's Premium of 18-25%, but not the HST/GST Tax.
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Accélérateur chromatique 66-68, 1968 by artist Claude Tousignant